LA VOIX DU NORD « Le mardi 14 mai 1940, des bombes tombent sur Paillencourt ».

Dans l’ouvrage intitulé « Cambrai du 10 au 19 mai 1940 », Michel Taquet, Cambrésien alors âgé de 17 ans, raconte les quelques jours qui ont précédé l’occupation allemande de la ville. Aujourd’hui, le récit de la journée du mardi 14 mai.

Il y a eu quelques alertes au cours de la nuit. Ce matin, la radio n’annonce rien de nouveau. Par ailleurs, nous n’avons pas reçu le journal.

Ce midi, la TSF. fait savoir que «  l’attaque allemande se développe avec une violence accrue  ». L’ennemi a atteint la Meuse. Sedan a été évacuée et des combats particulièrement acharnés ont, entre autres, lieu au nord de Dinant. La bataille se poursuit aux abords de Longwy. Cependant, «  partout nos troupes, avec leurs alliés, poursuivent, avec vaillance, leurs efforts contre l’ennemi.  »

Ayant appris que des bombes ont été lancées sur le territoire de Paillencourt, avec un camarade, nous décidons de nous y rendre. Tout est calme et le temps est superbe. On n’entend que le chant des oiseaux et le bruit des tracteurs qui tirent, sur le chemin de halage, des péniches. Arrivés dans ce village, nous demandons aux autochtones l’endroit où s’est produit le bombardement. Quelques minutes suffisent pour nous trouver dans le champ où sont tombés les fameux projectiles. Un ouvrier agricole nous explique qu’il est tombé quatre ou cinq petites bombes incendiaires. Nous cherchons des éclats mais il est difficile d’en trouver… Enfin, nous en trouvons chacun un. Ce sera un souvenir de cette guerre ! Les sirènes se font entendre. Il est 16 heures, nous devons rentrer.

À Cambrai, le bruit court que la radio de Stuttgart a indiqué que notre gare serait bombardée cette nuit, vers 23 heures. Ma sœur Monique confie à la famille que plusieurs de ses petites amies vont, avec leurs parents, partir pour Angers. Nous sommes surpris car c’est la première fois que naît, dans notre esprit, l’idée d’un départ… Cependant, nous refusons de quitter Cambrai. Nous avons trop confiance en notre armée. Ce soir, les nouvelles données par la TSF sont confuses. Le communiqué belge annonce, d’une part, que les «  forces armées se sont portées, en bon ordre et sans éprouver de pertes, sur de nouvelles positions  ». D’autre part, «  Namur résiste avec vigueur.  » En outre, «  les provinces du nord de la Hollande sont envahies et la reine Wilhelmine et ses ministres sont établis à Londres  ». Enfin, au cours de notre souper, une famille que nous estimons nous informe qu’à la frontière belge, de nombreuses personnes tentent de s’enfuir. Les Allemands seraient-ils donc tout près ? Rien d’anormal se produit dans la nuit, à l’exception de quelques alertes.

LA GARE DE PAILLENCOURT

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